Personnage emblématique, le Baron d’Este, fils d’Oscar, Baron d’Este et de Frances Sarah Kibble, né à Paris en 1844, a marqué durablement le passé anglais de Pau et de son agglomération. En 1874, il épouse Alice Drake, petite fille de Robert Glasgow qui acquit le Château de Billère en 1830, et s’installe dans ce domaine auquel il donnera d’ailleurs son nom. Il a appartenu à tous les clubs et sociétés notables de l’époque dont le Pau Hunt, dont il fut Master, et le Cercle anglais de Pau, institution phare de l’époque, dont il fut Président de 1913 à 1925.
Le Baron d’Este a inspiré à ses contemporains des portraits savoureux tels les suivants :
Dans le domaine du château, il organise régulièrement de joyeux dîners, des garden-parties inoubliables et d’amusants gymkhanas à cheval.
Les fêtes hippiques, si elles doivent agrémenter les loisirs de la colonie anglaise sont également mises en place pour venir en aide aux nécessiteux : les fonds collectés vont au Bureau de Bienfaisance Libre créé en 1880, aux Petites Sœurs des Pauvres et aux démunis de Billère. Les participants paient leur entrée au domaine, la fleur à leur boutonnière et les programmes illustrés. Ils ont également appris que les gracieuses marchandes ne rendent jamais la monnaie !
Dans les chroniques mondaines des journaux français ou anglo-saxons, on salue les rendez-vous donnés au Château de Billère :
18 mars 1882
L’indépendant
« Tout le high life était là ; l’élément féminin était représenté par le dessus du panier de nos plus belles mondaines, arborant déjà les toilettes extravagantes de demain. Le soleil resplendissait et inondait de ses rayons les pelouses verdoyantes et les grands arbres séculaires, déjà couverts de bourgeons. C’était comme la première du renouveau ; on aspirait à pleins poumons le grand air, les senteurs saines et les caresses moites de l’atmosphère toute imprégnée de sève. Rien de pittoresque et de mouvementé comme le spectacle qui se déroulait sous les yeux. Tous ces brillants cavaliers portaient l’habit rouge, les fringantes amazones galopaient leur steepers dans les allées ensoleillées, animant le paysage. »
Interview du Baron d’Este pour le New York Herald (1899)
» Chronique mondaine »
» Les deux premiers rendez-vous de chasse de la semaine ont assemblé le high life de la colonie, mardi, sous les chênes séculaires du château de Billère. Le tableau, partout le même, était vraiment beau : de nombreuses voitures stationnant le long des larges allées ; sur les pelouses la meute impatiente que le fouet et la voix des whips ont de la peine à maintenir ; partout des cavaliers en habit rouge, des amazones, des cyclistes ; sous les arbres un lunch exquis on ne peut plus aimablement servi, là, par la Baronne d’Este, ici, par Mrs et Misses Hutton. Puis, tout à coup, sur l’appel de trompe, tout s’ébranle ; chiens et cavaliers s’enfoncent dans la fourrée ; un élégant défilé de voitures emmène au loin les riches toilettes et les gais éclats de rire et à mesure que les bruits s’éloignent, le silence descend dans les voûtes ombragées. Coup d’œil féerique, spectacle unique, toujours le même et toujours plus beau ! «
Pour la première fois, en 1886, les Menagery-Race font leur apparition en France. Le Château de Billère les accueille. Les Sportmen à pied doivent pousser un animal sur 150 mètres et le diriger avec un ruban : canards, moutons, dindons, chèvres, veaux, lapins et poules font leur entrée au Château ! Plus sérieusement, l’ouverture de la saison des chasses se fait traditionnellement au Château où le Pau Fox Hunt se réunit et se retrouve le soir pour la grande réception, le Hunt Dinner.