Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la guerre 14-18, un groupe de travail s’est formé et trois retraités passionnés d’histoire, accompagnés par le service culture de la Mairie, se sont lancé dans le projet : Gérard Martin, André Plantier et Jean-Pierre Raulo ont entrepris un long travail de mémoire avec pour objectif la présentation de l’histoire de certains « poilus » billérois et du quotidien de la commune il y a 100 ans. Ils ont égrené année, par année, les événements ayant touché les soldats de notre commune.
Tout a commencé par l’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche et de son épouse à Sarajevo le 28 juin 1914. La mort de François Ferdinand et de Sophie de Hohenberg, par un jeune étudiant bosniaque du nom de Princip, va entrainer du fait des alliances entre les différents pays, un conflit généralisé, puis mondial.
- Mobilisation générale en France 1er Aout 1914
- Les troupes se portent à la frontière de Lorraine, du 19 au 23 /8 échec de l’offensive Française.
- Depuis le 2 Août les allemands passent par la Belgique, Pays pourtant neutre.
- 21-24/8 défaite Franco-Anglaise de Charleroi et Mons en Belgique. Nos troupes reculent, cette retraite s’éternise pendant 15 jours.
- Le 5 septembre un message de Joffre impose « aux armées de ne plus regarder en arrière mais de regarder en avant, d’attaquer et refouler l’ennemi coûte que coûte, aucune défaillance ne sera tolérée. »
- C’est la première bataille de la Marne avec l’épisode des « Taxis de la Marne », troupes de Paris amenées en renfort avec les taxis parisiens réquisitionnés sous les ordres de Galliéni.
- De septembre à Novembre les belligérants recherchent la décision par une série de tentatives d’enveloppement mutuelles vers l’Ouest puis vers le Nord, ces combats seront appelés « la Course à la mer »
- Le front se stabilisera de la mer du Nord à la Suisse, les troupes s’enterrent, le conflit s’enlise ce sera la « Guerre des Tranchées »
- Ainsi s’achève toute velléité de guerre de mouvement, le front ne variera plus de manière sensible. Les offensives qui seront menées toujours dans le but d’enfoncer les lignes ennemies seront très coûteuses en Hommes et en matériel, pour des gains de terrains et de succès limités.
Pour la France l’Ordre de Mobilisation générale date du 1er août 1914, le tocsin a résonné jusque dans le plus petit village, tous sont concernés, les hommes valides doivent se rendre dans les centres de recrutement les plus proches. En 1914, le département des Basses Pyrénées est rattaché à la 18°Région militaire de Bordeaux, avec ses subdivisions de Bayonne et Pau. Les unités d’active (les appelés) sont respectivement le 18° RI à Pau et le 49 ° RI à Bayonne, tandis que les unités de réserve (hommes de moins de 35 ans ayant accomplis le service militaire) sont le 218° RI et le 249 ° RI. Les unités de la Territoriale (hommes de plus de 35 ans) forment le 142° RIT à Bayonne et le 143° RIT à Pau. La 36° division d’infanterie comprenait, le 18° RI, le 49° RI, le 12° RI (de Tarbes), le 34° RI (de Mont de Marsan), et le 14°RAC de Tarbes (Régiment d’Artillerie de Campagne) lui était associé.
Par ailleurs c’est à de robustes, Pyrénéens, Béarnais, Gascons, Languedociens et Ariègeois que la France confia le drapeau du 283 ° Régiment d’Infanterie. Le 12 Août 1914 le régiment quittait Saint Gaudens aux acclamations de la population, il gagnait ensuite par étapes Sivry-la-Perche dans la région de Verdun Il recevait comme première mission d’arrêter sur le Plateau d’Eton, une attaque ennemie visant les garnisons de METZ et de THIONVILLE. Son baptême du feu devait y être très dur, soumis à un bombardement intense d’obus de gros calibre durant tout l’après-midi du 24 août, il défendit toute la soirée par une lutte acharnée la gare de Donmarie-Baroncourt, qui d’abord évacuée fut reprise à la baïonnette. A la tombée de la nuit, sous la menace d’un enveloppement et en luttant pied à pied, il réussit à se dégager en glissant entre les pinces de la tenaille qui se fermait sur lui. « Le 283° RI était décimé, outre son colonel blessé, les pertes enregistrées : presque tous les commandants de Compagnie, et les chefs de Section, 850 hommes de troupes sont morts au combat ce jour-là, ils étaient 2108 au départ.
Parmi eux les Billèrois :
BONNEMAZON Eugène né le 11 février 1884 à Gelos (Charretier) 30 ans.
CAZANAVE Henri né le 24 août 1885 à Bugnein (Garçon de chai) 29 ans.
POEYARRE Paul né le 20 septembre 1883 à Billère décédé 4 jours plus tard des suites de ses blessures. (31 ans)
Le 18° RI avait quitté PAU le 6 Août 1914 avec 57 officiers, dont 4 médecins, et 3326 hommes de troupes et gradés, sous le commandement du Colonel GLOXIN. Il participe à la bataille de CHARLEROI le 24 août, le 29 à celle de Guise, et du 5 au 12 septembre Bataille de la Marne, combats de Marchais en Brie et de Ville aux Bois. Le 18° RI gagne sa première citation à l’ordre de l’armée « a znlevé brillamment par une attaque de nuit, à la baïonnette, un village puissamment fortifié » (Marchais en Brie le 8 septembre). Le 16 septembre notre Billèrois du 18° RI MINVIELLE-DEBAT Jean-Louis né le 24 Janvier 1888 à Billère (Ferblantier) est porté disparu sur le champ de bataille de la Ville aux Bois. (26 ans). Anecdote : ce dernier ne figure pas sur la liste du monument aux morts de la Commune mais sur la plaque dédiée aux morts de 1914 1918 dans l’église Saint Laurent.
Le 19 septembre lorsque le 18° est relevé il a perdu en 3 jours 1477 hommes (gradés, soldats, tués, blessés ou disparus). (Historique du 18° RI)
Le 20 septembre les Allemands reprenaient l’offensive sur les Hauts de Meuse et sur Saint Mihiel. Le 283 ° Ri reçut pour mission d’arrêter leur marche d’abord dans la région de Saint Rémy, puis dans la Forêt de la montagne, vers la Côte des Bœufs.
Le 23 septembre : CAMEBRACQ Jean né le 8 avril 1881 à Billère (Journalier) était porté tué à l’ennemi à Saint Rémy Meuse (33 ans)
Le 143° Régiment d’Infanterie Territoriale (RIT) s’est mobilisé à PAU du 4 au 8 août 1914. Il est constitué d’hommes de 34 à 49 ans considérés comme trop âgés et pas assez entrainés pour intégrer un régiment de 1ere ligne d’active ou de réserve. Les Territoriaux ou « pépères » sont chargés des différents services de Garde, du creusement ou de la réfection des tranchées.
Tiré du Journal de Marche du 143° RIT les 15,16 et 17 octobre 1914 :
« le régiment s’occupe du perfectionnement des travaux de défense des tranchées aux abords d’Annequin et de Noyelles. Le 16 octobre pendant les travaux le régiment enregistre les pertes suivantes 4 blessés par éclats d’obus. (Les noms suivent). Le 17 octobre les pertes consignées sont 6 Morts et 9 blessés toujours par éclats d’obus, et parmi les noms on relève :»
LAPRADE Pierre né le 29 décembre 1876 à Billère (Cultivateur). Décédé le 17 octobre 1914 à Noyelles-Annequin (Nord). Tué à l’ennemi. (38 ans
Le 212 ° RI constitué à Tarbes les 12 et 13 Août 1914, prend ensuite la direction de NANCY par chemin de fer et après péripéties arrive à destination le 15 août.
Le 21 Novembre ordre est donné de faire le lendemain une démonstration sur ABONCOURT suivie d’un coup de main sur cette localité pour y faire si possible des prisonniers. La 20° et la 22° compagnie franchissent la Seille à 7 h. Elles sont prises sous un feu assez violent et poursuivent leur mission. A 9h Aboncourt est pris l’ennemi se replie, en laissant 2 morts et 5 prisonniers. Les Compagnies rentrent dans nos lignes. L’opération a couté 5 tués et 33 blessés, et parmi ces derniers :
DESCOMS Jean né le 6 avril 1885 à Pau (Cultivateur). Décédé le 22 novembre 1914 à l’hôpital des Beaux-Arts de Nancy des suites de ses blessures de guerre. (29 ans)
À suivre…
Gérard Martin
André Plantier
Jean-Pierre Raulo
- 8 Janvier Offensive allemande en Artois
- 16 Février début de l’offensive Franco-Britanique en Champagne
- 5 Avril Offensive Française à l’Est (Meuse et Moselle)
- 22 Avril Première utilisation des Gaz par les Allemands à Ypres
- 9 Mai Coûteuse offensive Anglaise puis Française en Artois
- 1er Juin distribution des nouvelles tenues Bleues Horizon, et casque d’acier aux
Soldats Français
- 19 Juin victoire des alliés à ARRAS
- 3° bataille de l’Artois
- 25 Septembre début d’une offensive française en Champagne et alliée en Artois
- 2 Décembre JOFFRE est nommé commandant en chef des Armées Françaises
Le 34 ° R I a été formé à Mont de Marsan, au mois de Janvier 1915 il occupe les tranchées d’Oulches et de la Ferme d’Hurtebise. Les Allemands déclenchent le 25 janvier une très forte attaque dans la région d’Hurtebise, le dernier sursaut de la bataille de l’Aisne. Le bombardement a commencé le 24, il s’accentue le 25 et l’attaque est déclenchée à 17 h 30 avec une violence inouïe. L’intention de l’ennemi est claire, dévaler la pente de la Ferme d’Hurtebise, s’engouffrer dans la vallée Foulon et atteindre l’Aisne, en prenant nos troupes à revers et nous forçant à passer sur la rive sud de l’Aisne. Sous la violence du choc le Régiment placé à gauche du 34° fléchit, mais la majeure partie du front du 2° bataillon du 34° qui commande la tête de la Vallée Foulon et le 3° Bataillon qui défend le plateau de Vauclerc résistent victorieusement aux attaques successives et acharnées des Allemands. L’élan ennemi est arrêté net, les Réserves Locales contre attaquent violemment les quelques éléments qui ont pu se frayer un passage à travers nos lignes. Le 26 la situation est inchangée, les allemands ne renouvellent pas leur attaque. Le 27 dans la soirée le 34° RI est relevé par le 49° RI.
Dans l’état des pertes on relève
DARRICARRERE Pierre , sergent Fourrier, né le 8 Juillet 1874 à Billère, tué à l’ennemi le 25 Janvier 1915 à la ferme d’hurtebise (Aisne)
Le 18 ° RI est lui aussi pendant cette période dans les tranchées, à la Vallée Foulon comme son collègue le 39° il subit les attaques des 24 et 25 janvier, il résiste bravement, et permet par des contre-attaques de stopper l’effort ennemi.
On relève dans les pertes du Régiment :
DUPEYRON Jacques , Lieutenant, né le 10 Octobre 1876 à Pau. Tué à l’ennemi le 25 janvier 1915 à la Vallée Foulon (Aisne) 39 ans
GARDERES Armand , Sous-Lieutenant, né le 17 avril 1872 à Bayonne, tué à l’ennemi le 26 janvier 1915 à la Vallée Foulon (Aisne) 43 ans
Le 12° RI de Tarbes de septembre 1914 à juin 1915 est en ligne au Chemin des Dames, secteur de la Ferme d’Hurtebise. Dans le journal des opérations du régiment on note le 20 fevrier « Violent bombardement des tranchées, du plateau de Coussy, Bois Foulon et Vassognes » Pertes : 2 Évacués, 2 blessés et un tué.
BROISE Marie Michel Pierre né le 30 septembre 1892 à Pau, profession Tailleur, tué à l’ennemi le 20 Janvier 1915 à Vassogne (Aisne) 23ans.
Le 143° RIT (Régiment d’Infanterie Territoriale) Mobilisé nous l’avons vu à Pau se trouve en Mars 1915 à AIX NOULETTE dans le Pas de Calais, nos « pépères » travaillent à la réfection et au renforcement des tranchées. Le JO de marche précise le 3 mars 1915 il subit un violent bombardement à 6H. Les pertes du régiment sont lourdes, 12 tués et 29 blessés. Parmi ces derniers :
LACOSTE Louis , 2° classe, né le 6 septembre 1877 à Lurbe (Basses Pyrénées) décèdera le 30 mars 1915 à l’Hôpital auxiliaire N°2 à Conflans-Charenton (Seine) des suites de ses blessures (Eclats d’obus)
Offensive de mai 1915 en Artois, le 33° Corps d’Armée, commandé par le général PETAIN, attaque sur un front large de 6 Km. En quelques heures, nous submergeons les tranchées allemandes et progressons de plus de 3 km vers les crêtes de VIMY. Mais les réserves disposées trop loin du front, sont incapables de rejoindre les lignes suffisamment vite pour exploiter cette spectaculaire percée. Les allemands se ressaisissent et contre attaquent. Le combat se prolonge pendant une semaine, avec des affrontements sauvages sur les hauteurs de ND de Lorette. Au final le résultat de l’offensive française se traduit par la prise de CARENCY et ABLAIN SAINT NAZAIRE, mais la crête de VIMY et donc le contrôle de la plaine minière reste aux mains des Allemands. Le coût humain de cette offensive fut tragique pour nos troupes 102 000 hommes soit le double des pertes subies par les Allemands. Dans les régiments qui ont pris part à cette offensive on relève le 279 ° RI. Ce régiment du 9 mai au 12 mai s’empare de CARENCY. Du 12 au 23 mai attaque Ablain Saint Nazaire et conquièrent le village après des combats acharnés maisons par maisons.
C’est sans doute à ce moment-là que :
AUBIEGT Marcelin né le 6 Avril 1879 à Aubertin, 2°classe au 279 ° RI sera sans doute blessé pour mourir ensuite à AUBIGNY EN ARTOIS le 26 mai 1915.
Le 279 ° n’a pas été à Aubigny, mais dans un écrit d’un combattant du 42 ° RCP (régiment de Chasseurs à Pieds) (Pages 14-18 forum attaque de Carency) « Blessé je suis transféré de la gare de Villers aux bois, vers Banchin-Legal puis fus dirigé sur l’hôpital d’AUBIGNY EN ARTOIS ». C’est sans doute un parcours similaire du rapatriement sanitaire que notre « Poilu » AUBEIGT Marcelin a dû emprunter pour décéder à AUBIGNY en Artois. Où il figure au cimetière communal sous le nom de AUBRIGT Marcelin 279 ° RI décédé le 26 mai 1915.
Le 166 ° RI se trouve en août 1915 dans le secteur de Riaville « Le régiment fort éprouvé défendra le secteur de Riaville, au nom peu retentissant, et qui ne connut guère les honneurs du communiqué. Et pourtant il avait coûté des pertes douloureuses et avait exigé du 166 ° une endurance peu commune et un inébranlable esprit de fidélité à l’accomplissement du Devoir, obscur sans panache, sans récompense visible, fidélité pourtant la plus difficile de toutes ». (Historique du régiment). Pertes du régiment 19 officiers, 97 sous-officiers, 1041 hommes. Le JMO (Journal de Marche et des Opérations) du 166° RI précise le 29 Août la constitution d’une compagnie de Sapeurs Pionniers pour la constitution de Boyaux, tranchées, sapes, créneaux, flanquements etc…la construction et le placement de défenses accessoires, en tout 12 gradés et 74 hommes.
Cependant sur l’Etat des pertes du 29 aout il est noté :
LAPLACE Jean 2° classe blessé. La fiche « Mémoire des hommes » précise LAPLACE Jean Marie Edouard, né le 17-12-1895 à Billère, 2° classe au 166° RI, est mort pour la France à l’hôpital de Verdun le 30 aout 1915, des suites de ses blessures de guerre. « Reçues à RIAVILLE (Meuse) » précision qui figure sur sa Fiche Matricule.
Le 408 ° RI est constitué le 1er avril 1915 sur le territoire de la 8° région militaire basé à Méhun sur Yères et les villages avoisinants. Il se compose de Berrichons, de Bourguignons, de Nivernois, de quelques Lorrains et d’un fort contingent de Parisiens, tous de la Classe 1915. L’engagé volontaire pour 3 ans le 8 mars 1913, VIGNALATS Jean Gaston Alexis, nommé Sous-Lieutenant le 3 Août 1915, est versé au 408° RI le 10 Août 1915. En dépit de la période calme du régiment en septembre, il est à déplorer la perte le 9 Septembre du Commandant de Bataillon COTTAZ, du S/Lieutenant VIGNALATS et du Médecin auxiliaire MONY, tués par un obus tombé à 19h30 sur la « popote » des Officiers du 1er Bataillon à Elincourt. Le JMO du régiment à la photo des 3 tombes au cimetière de Margny sur Matz ou les corps ont été transférés.
VIGNALATS Jean Gaston Alexis , né le 26 avril 1893 à Arthez d’Asson, sous-lieutenant au 408° RI, est mort pour la France tué par un obus, le 9 septembre 1915 à Elincourt Sainte Marguerite (Oise)
C’est le fils ainé de Lucien VIGNALATS et d’ Anne DUCLOS-PEN E,(épouse VIGNALATS) tous les deux instituteurs à Billère, à l’Ecole de la Mairie de 1906 à 1919, le premier à l’école des garçons, la deuxième à celle des filles.
À suivre…
Gérard Martin
André Plantiier
Jean-Michel Raulo
- 28 Janvier Offensive allemande en Artois
- 21 Février Début de l’offensive Allemande sur Verdun
- 25 Février Prise du fort de Douaumont par les Allemands
- 02 Mars Pétain arrête son plan de défense de Verdun et organise son ravitaillement par la « Voie Sacrée »
- 01er Juillet Début de l’offensive alliée sur la Somme
- 24 Octobre Les troupes françaises reprennent le fort de Douaumont
- 18 Novembre Fin de l’offensive de la Somme
- 12 Décembre Joffre, honoré du titre de Maréchal de France est remplacé par le Général Nivelle à la tête des armées Françaises.
« Historiquement 1916 reste dans la mémoire collective l’année de VERDUN, tant chez les Français que chez les Allemands. Cette bataille est le symbole de l’incroyable ténacité dont fit preuve le soldat français, de février à mai 1916, en ne lâchant qu’un peu de terrain sans jamais céder à la panique. Puis en reprenant le terrain perdu de juin à décembre dans des conditions de survie qu’aucun esprit humain n’aurait pu imaginer, qu’aucun soldat jusqu’alors n’avait jamais vécu.
La seconde raison c’est que presque tous les Régiments d’Infanterie ont « fait » Verdun. Le système, appelé le tourniquet, relèves et rotation rapide des unités, deux, trois jours maximum en première ligne, au-delà de 3 jours un régiment aurait totalement fondu dans la fournaise. La bataille de Verdun sonne comme une victoire, même s’il s’agit d’une victoire défensive. » (Tiré du livre « Avant l’oubli. » de Joël ROCAFORT
Entre temps :
Le 237 ° R I a été formé à Troyes d’où il rejoint le front le 8 août 1914.
Le 30 Janvier 1916 il occupe les tranchées « Mouillot-Schuler » de « Saligner de Boissy » du « Bois de la Folie » près de Neuville Saint Vaast.
Le 31 Janvier le régiment est attaqué de 3 cotés, à coup de pétards, de torpilles et d’obus de 105. Les attaques ennemies sont vigoureusement repoussées, mais en fin de journée on dénombre 10 tués, 24 blessés et 3 officiers blessés.
Dont NAVARRE Pierre Maurice 2° classe, venant du 123° RI, le 14 février 1915, né le 15 janvier 1878 à Pau (il venait d’avoir 38 ans) décédé le 31 Janvier 1916, au Bois Folie, cote 140, près de Neuville Saint Vaast. Il est inhumé au cimetière Lamotte à Mont Saint Eloi.
Le 3° RIC (Régiment d’Infanterie Coloniale) se trouve lui sur le front d’Orient, et plus précisément sur le PROVENCE II, cet ex-Paquebot transformé en croiseur auxiliaire, et affecté aux transports de troupe sur le front d’Orient. Le 23 février 1916 il quitte Toulon avec a son bord 1555 hommes du 3°RIC et 1000 hommes environ du 372° RI.
Le 26 Février à 15 h une torpille lancée par un sous-marin allemand explose à hauteur du mat arrière. 150 soldat sont noyés dans la cale 3, le Commandant ordonne l’évacuation, mais les moyens sont insuffisants maxi 1350 hommes, or ils sont 2450 à bord. Quelques minutes après, le bateau coule, l’avant dressé vers le ciel. Le lendemain à l’aube les survivants dont beaucoup ont succombé durant la nuit, sont repêchés par la Royal Navy. Plus de 1100 marins et soldats ont disparus.
On ne sut que plus tard après la guerre le nom du sous-marin qui avait torpillé le PROVENCE II, l’U BOAT 35 commandé par Lothar von Arnauld de la Périnière.
Parmi les soldats du 3° RIC beaucoup de Basques et de Béarnais, notamment : CHEVREAU Jean Amédée Auguste, 2° classe, 29 ans, né le 3/4/1887 à Asson, décédé le 26 février 1916 dans le naufrage du PROVENCE II, HOURQUET Jean, Sous-Lieutenant, 40 ans, né le 5 octobre 1876 à PAU décédé le 26 février 1916 dans le naufrage du PROVENCE II
Ces deux morts ne figurent pas sur la liste du monument aux morts, mais dans la liste des morts dans l’église Saint Laurent.
Les recherches on fait découvrir un autre béarnais homonyme d’un Billérois. BELLEHIGUE Jean Baptiste 35 ans, né le 27 Février 1881 à LAA MONDRANS canton de Lagor (décédé la veille de son anniversaire.) dans le naufrage du PROVENCE II.
Le 273° R I a été constitué à Béthune, il reçoit des Réservistes tous « des gars du Nord » et mineurs en grand nombre. Il part pour le front le 10 Aout 1914.
Au mois de juillet 1916, après avoir participé à la bataille de Verdun (janvier-Février), on le retrouve dans la Bataille de la Somme dans les secteurs de VERMANDOLLIERS, Bois Etoile. L’attaque déclenchée par notre armée le 27 juillet, permet à notre 273° Ri de prendre possession des deux lieux cités plus haut. Pendant les 2 jours qui suivent il faut tenir à tout prix le terrain conquis. Toute la journée du 23 agitation et lutte à la grenade aux environs des barrages. Le 24 Juillet une double attaque allemande se produit, malgré la surprise causée par l’usage de liquides enflammés par les allemands, nos hommes repoussent l’ennemi à environ 10 mètres de nos anciennes positions. (JMO du régiment) Du 20 au 24 Juillet l’état des pertes est le suivant 3 officiers tués, 10 officiers Blessés et 600 hommes tués.
Parmi les tués le Sergent LABORDE de LASSANSSAA et le Caporal HYPPOLITE. (Cités dans le Journal de Marche du Régiment) LABORDE de LASSANSSAA né le 4 août 1879 à Champigny sur Marne 37 ans, sergent décédé le 23 juillet 1916 au Bois Etoile (Somme) tué àl’ennemi. Inhumé à Soyecourt (Somme). Sa fiche matricule N° 547 de Poitiers, nous apprend que ce brave de la classe 1899 s’est d’abord engagé volontaire pour 3 ans, puis pour 5 ans en 1902. Démobilisé en décembre 1907 il se retire à Billère, avec la médaille Coloniale agrafé Afrique Occidentale Française. Rappelé à l’active lors de la mobilisation générale d’août 1914, il est versé au 18 RI de Pau, passé au 310° Ri le 15 mars 1916 puis au 273° RI le 1er juin 1916 en tant que Sergent. C’est le parcours d’un « baroudeur » car sa fiche mentionne aussi qu’en 1910 il réside à PNON PENH (Saïgon) Enfin toujours est-il que son avis de décès est transmis à Billère le 28 février 1917.
Le 344° RI dont le casernement est situé à Bordeaux, se trouve en début septembre 1916 à la bataille de VERDUN, plus particulièrement vers « Bois Vaux Chapitre » « Fleury » et « Douaumont ». Depuis une vingtaine de jours la bataille fait rage, plus de tranchées (françaises ou allemandes), que des trous d’obus, le ravitaillement est quasi impossible. Les mitrailleuses ennemies interdisent à quiconque de lever la tête, vivants et morts doivent coucher cote à cote. L’adversaire a l’avantage d’une position et d’une artillerie formidable. Le 3 septembre l’ennemi essaie une fois de plus d’obtenir la décision qui lui échappe. Le 344°RI est attaqué par des forces très supérieures en nombre, pris à revers, écrasé sous un déluge de mitraille, déjà décimé par les pertes antérieures, il se fait hacher sur place plutôt que de reculer. Le 6 septembre le régiment est enfin relevé. Il a perdu 8 officiers, 169 hommes tués, 17 officiers et 629 hommes blessés, 10 officiers et 301 hommes portés disparus. (Historique du 344°RI)
PEYROULET Clément, Prosper (Ferblantier) né le 25 Juin 1897 à PAU (19 ans) soldat au 344° RI décédé le 4 septembre 1916 devant Verdun (Meuse) tué à l’ennemi. Engagé volontaire le 15 février 1915 à la Mairie de Pau.
Le 8° RI dont le casernement est situé en 1914 à Saint-Omer, Calais ou Boulogne, participe à la bataille de la Somme d’aout à octobre 1916. Du 12 au 19 septembre le régiment prend une part glorieuse aux combats victorieux de nos troupes, il mène une lutte incessante qui lui font s’emparer du bois d’Anderlu, des tranchées de l’Hôpital et du Trentin, ainsi que de la ferme Priez à l’ouest de COMBLES. Du 26 au 29 septembre il s’empare des tranchées de Morval et de Prilep aux abords de SAILLY-SAILLISEL (Somme)
Pendant ces deux périodes le 8° RI à perdu : Officiers 9 tués, 18 Blessés, Hommes de troupe 210 tués, 842 blessés et 102 disparus. (Historique du 8° RI)
PIERRE Adrien né le 28 avril 1888 à Lons (Cultivateur) 2° Classe au 8° RI, mort le 13 septembre 1916 à COMBLES (Somme) à 28 ans.
Le 73° R I à pour casernement en 1914 Béthune, Hesdin et Aire sur la Lys. En 1916 d’août à octobre il participe à la bataille de la Somme (Maurepas, Bois Louange, Combles, Bois Billion) « Le 26 septembre le moment est venu de faire tomber les défenses de Combles, à 3H 30 Deux pelotons sont envoyés en reconnaissance pour traverser Combles et tâcher de gagner la lisière Est. L’un deux rencontre une vive résistance et livre avec l’arrière garde allemande un combat sans quartier à la grenade. » Les pertes du régiment font état ;
CASTRO Justin Alexandre, Caporal à la 3° compagnie, tué à l’ennemi le 25 septembre1916 à Maurepas, né le 5 décembre 1894 à Jurançon, maçon dans le civil, il avait 22 ans. (Fiches mémoire des hommes) « est inscrit au tableau spécial de la Médaille Militaire à titre posthume : Excellent Caporal très brave au feu, tué glorieusement à son poste de combat le 25/9/1916, à Combles en accomplissant héroïquement son devoir. Croix de guerre étoile de vermeil » (nous précise sa fiche matricule). Ainsi que le fait qu’il avait été muté au 73°RI en mai 1915 et qu’il avait été nommé Caporal le 10 mars 1916.
Anecdote Il ne figure pas sur le monument aux morts de Billère mais sur la plaque à l’intérieur de l’église Saint Laurent. Énigme donc car il figure sur le monument aux morts de Jurançon ?? La fiche Mémoire des Hommes spécifie, elle, que l’avis de décès du 5 mars 1917 à été adressée à PAU. Mystère.
Le RICM Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, se trouve en décembre 1916 dans le secteur de Verdun et précisément le 15 décembre en attaque dans le secteur de LOUVREMONT qu’elle doit conquérir. « Dans la matinée nos troupes ne semblent éprouver que peu de résistance et entrent à Louvremont. Puis l’ennemi par ses mitrailleuses et un bombardement intensif rendent les communications avec Louvremont très difficiles de jour.
Pertes du régiment : Tués 8 Sous-Officiers et 42 soldats, Blessés 27 sous-officiers et 206 soldats Disparus 2 sous-officiers et 97 soldats » (Historique du Régiment) Dont : BARRIO Joseph (employé de commerce) né 11 Février 1897 à Billère. Tué à l’ennemi le 15 décembre 1916 en avant du village de Louvremont (Meuse) 2° classe au RCIM. Il avait 19 ans.
À suivre…
Gérard Martin
André Plantiier
Jean-Michel Raulo
- 31 Janvier début de la guerre sous-marine totale par les allemands.
- 02 Avril Entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne.
- 16 Avril Début de l’offensive NIVELLE au Chemin des dames.
- 17 Avril 1er refus collectif d’Obéissance dans l’armée Française.
- 15 Mai Remplacement de NIVELLE par le général PETAIN à la tête de l’Armée
Française.
- 13 Juin Arrivée en France du Général PERSHING commandant du Corps
Expéditionnaire Américain.
- 16 Juillet -10 Novembre Bataille de Passendale (3° bataille d’Ypres)
- 20 Août Début de la 2° Bataille de Verdun
- 16 Novembre Formation du Gouvernement Georges CLEMENCEAU en France.
- 20 Nov-6 Dec. Bataille de CAMBRAI utilisation des Chars Britaniques.
« Historiquement 1917 reste dans la mémoire collective l’année de l’Offensive du Général NIVELLE, du 16 avril au 25 avril, au Chemin des Dames. L’échec désastreux
et les pertes subies briseront sa carrière et auront de graves répercussions dans l’Armée Française. On assistera alors à des mutineries dans l’armée dont notamment au 18° RI cher aux Palois et au Béarn. Le Général PETAIN remplace le Général NIVELLE, et il a la lourde tâche de redonner confiance à l’ensemble de la troupe. (Tiré du livre « Avant l’oubli. . » de Joël ROCAFORT).
« PETAIN, fort de la confiance que lui a valu son action à VERDUN, parvient en 2 mois à sauver l’armée du désastre. « C’est mon véritable titre de gloire » dira-t-il plus tard. Il a repris l’armée en main, c’est CLEMENCEAU qui reprendra le Pays. Grace à ces deux hommes l’année 1917 commencée au bord de l’abandon se termine dans l’espoir » (Extrait du PARIS MATCH du 4 juin 1966)
Mais revenons au cas de :
CARROU Pierre Georges, né le 16 février 1876 à Bayonne, qui bien
qu’étant de la classe 1896, fut rappelé par la mobilisation générale
du 1er août 1914. le 13 mai 1905 il avait contracté mariage à Billère
avec LAMOUNETTE Louise. Le 1er Juin 1916 il avait été affecté
au 1er Régiment d’Artillerie à Pied 38° Batterie. Il décède le 17 Avril 1917
à l’Hôpital Complémentaire N° 36 à CHARTRES, de maladie aggravée
par le Service Armé. (Avis officiel HV 8151 du 28/4/1917)(41 ans)
C’est donc notre premier défunt de l’année 1917.
Le 62° RI le 5 mai 1917 se porte à l’attaque « il a ordre de s’emparer de tout le plateau et de pousser jusqu’à AILLES et l’AILETTE (Aisne)
Le début de l’attaque s’exécute d’abord dans de bonnes conditions, puis la 2° Compagnie s’empare de la première ligne Allemande mais bute sur la 2°. Elle livre au-dessus de la Creute des Saxons un combat extrêmement vif. La 7° compagnie attaque vigoureusement mais se voit tournée par des éléments ennemis qui lui font perdre beaucoup de monde. La 2° Compagnie tombe immédiatement sous le feu des mitrailleuses, elle est décimée et perd ses officiers.
A la nuit le Régiment est ramené dans ses positions de départ. Il a subi des pertes considérables : près de 900 hommes et grand nombre de ses officiers. (JMO du 62° RI)
LARRIAU Pierre Victor, né le 7 octobre 1897 à Billère, commis épicier,
passé au 62° RI le 18 février 1917. Disparu le 5 mai 1917 à AILLES
(Aisne) présumé prisonnier Avis 4449 du 24 6 17. Déclaré décédé
le 5 mai 1917 par jugement du tribunal de PAU le 22 10 1921.
Jugement transcris le 24 novembre 1921 à Billère. (Nous précisent
les fiches matricule et Mémoire des Hommes) (19 ans ½)
Le 4 mai 1917, dans les derniers soubresauts de l’Offensive NIVELLE débutée désastreusement le 16 avril, Le 49° RI est placé à gauche du dispositif de la 36° Division. Il a pour mission de prendre et conserver contre tout retour offensif, deux tranchées allemandes « VON FETT » et « HASLOCH ».
Le 34° RI se positionne à droite du 49° RI et a pour objectif de prendre les rebords Nord et Est du plateau et la continuation de la tranchée « Hasloch », il doit rester en liaison avec le premier bataillon du 49° et le premier bataillon du 18° RI.
Le 18° RI après Douaumont et la Somme revient au chemin des dames et participe donc début Mai à la meurtrière reprise du plateau de Californie. Ce plateau est un haut lieu de mémoire de la Grande Guerre et le 18° RI est étroitement lié au destin de ce lieu.
C’est en effet lui qui ce 4 mai 1917 à la tâche la plus difficile, les 3 bataillons de ce régiment doivent prendre les pentes de la falaise qui domine CRAONNE, puis le plateau de Californie ; La prise et la défense de ce plateau vont coûter cher au régiment. Du 1er au 6 mai il perd 11 officiers, 26 Sous-Officiers et 248 soldats tués ou disparus, et 645 blessés seront évacués soit 40% de son effectif.
CASSAGNABERE Louis, cordonnier, Caporal au 18° RI, né le 5-11-1889
à CAMPAN (Hautes Pyrénées), mort le 6 mai 1917 à CRAONNE (Aisne)
(28 ans)
Acte transcrit à Billère le 2-2-1918 ; (Selon fiches matricule et Mémoire
des Hommes)
Une plaque dédiée au 18° RI se situe sur le plateau de Californie à l’extrémité rebord oriental. Elle a été implantée en 1927 « A la gloire du 18° RI de PAU (Béarn, Pays Basque, Gascogne) régiment d’Elite chargé d’enlever le plateau de CRAONNE position jugée inexpugnable, l’a pris d’assaut dans un élan superbe. Citation à l’armée des 4 et 5 mai 1917 »
Mais revenons au 34° RI qui nous l’avons vu plus haut doit outre prendre les côtés Nord et Est du plateau et continuer la Tranchée « HASLOCH ». C’est pendant la journée du 6 mai que ses soldats ont le plus souffert à cause des contre-attaques allemandes. Sous la protection d’un effroyable bombardement de tous calibres, l’infanterie ennemie se porte en avant. Arrêtée par notre barrage elle tente cependant de progresser par infiltration, mais les nôtres les refoulent à la grenade. Le bombardement s’intensifie, les pertes sont très fortes, les cadres sont décimés. On apprend en même temps qu’il ne faut plus compter sur le bataillon MALERE dont les éléments ont fondu sous le bombardement. Un bataillon du 110° Territorial est envoyé au secours du Bataillon MALERE à la tranchée « HASLOCH »
Le 7 mai à Oh30 le 414 ° relève les rescapés du 34° RI qui peut alors compter ses pertes 38 officiers dont 12 tués (parmi lesquels 2 Chefs de Bataillons les Commandants MALERE ET MATHIEU) et environ 1 100 hommes.
MALERE Bertrand, Fabien, Léopold né à Monein le 23 février 1869.
Engagé volontaire le 9 mai 1897, poursuis sa carrière militaire et
devient chef de bataillon, avec le grade de Commandant au 34° RI le
14 juin 1916. Décédé le 6 mai 1917 sur le plateau de CRAONNE ,
tranchée « HASLOCH » par éclat d’Obus. (48 ans)
Sa citation à l’ordre de l’armée : « Chef de Bataillon, officier supérieur de haute valeur morale, d’une bravoure, d’un sang-froid exceptionnel ayant un mépris absolu du danger. Le 6 mai 1917 chargé avec son bataillon d’assurer coûte que coûte l’occupation d’une tranchée conquise à l’ennemi a réussi à maintenir sur place ses unités sous un bombardement d’une intensité exceptionnelle, a été glorieusement tué au cours du bombardement » Citation du 21 juin et Journal Officiel du 1er novembre 1917 nous précise sa fiche matricule.
Anecdote : Le Commandant MALERE est né à MONEIN, il figure bien sur le monument aux morts de Monein. Ainsi que son cousin MALERE Sylvain Henri Robert né le 4 juillet 1883 à Monein, lieutenant au 18° Ri, tué à l’ennemi le 12 octobre 1914 à OULCHES.
Le Commandant MALERE figure cependant dans la liste des morts de 1914 1918 à l’intérieur de l’Eglise Saint Laurent à Billère. As-t-il vécu, avait-il de la famille…à Billère. (Cela reste à éclaircir)
À suivre…
Gérard Martin
André Plantier
Jean-Michel Raulo
Le 3 mars la Russie signe le traité de Brest-Litovsk et se retire de la guerre.
Le commandant en chef de l’armée Allemande HINDENBURG aidé du général LUDENDORF va pouvoir reporter toutes ses troupes sur le front Français. D’autant que le temps presse car la venue des Américains dans le conflit est pour eux une menace importante.
Les allemands débutent l’année par de grandes offensives :
- 21 mars – 5 avril sur la Somme
- 9 avril – 1er mai en Flandres
- 27 mai- 5 juin au Chemin des dames
- 15 juillet en Champagne
Pendant ce temps le général Petain avait redressé le Moral de l’armée sapé par les « Mutineries » de 1917, il avait redonné la confiance dans le Pays, l’artillerie remaniée regorgeait de projectiles, les fantassins n’avaient plus l’impression de se battre contre un ennemi invisible.
De plus les alliés, Britanniques, Canadiens, Néozélandais, et les Américains furent commandés par le général FOCH nommé « Généralissime ». Le commandement unique va faciliter les manœuvres et les attaques pour contrecarrer les Allemands, et à partir du mois d’aout de les repousser.
L’arrivée massive des Américains, leur important matériel, leur stratégie d’approvisionnement, leur aviation vont permettre la reconquête du terrain, et finalement tous ces Alliés, et notre armée vont acculer les Allemands à demander l’armistice le 11 novembre 1918, signée dans le Wagon de Rethondes (Forêt de Compiègne)
Mais : où en sont nos Billèrois :
34° RI J.O. (Journal des Opérations le 8 juin 1918
« A 23h50 l’ennemi déclenche un violent bombardement par obus explosifs et toxiques sur nos premières lignes et l’arrière. Le Bombardement se ralentit peu à peu sur les premières lignes, mais s’intensifie sur l’arrière.
Vers 4h15 on commence à percevoir le crépitement des mitrailleuses sur, le front Le FRETOIS-VAUX et LE TRONQUOY. A 7H les groupes de combats qui restaient du Bataillon LEVITS, pressés, par des forces supérieures, débordés, encerclés, ont dû se dégager à la baïonnette et à la grenade. Les pertes en hommes et en gradés ont été sévères néanmoins la lutte a continué, acharnée l’ennemi a subi lui aussi de lourdes pertes, et il n’a pu empêcher nos groupes de prendre pied dans la ligne des Réduits, ou l’avance ennemie a été obligée de s’arrêter. En fait, attaques, contre-attaques, renforts durent du 9 au 11 juin et parmi les 948 disparus du 9 juin figurent :
BELLEHIGUE joseph, Employé des tramways, né le 11 mars 1898
à Arthez de Béarn. 2° classe au 34° RI, disparu le 9Juin 1918
à VAUX (LE FRESTOY-VAUX) Oise. (20 ans)
Mort pour la France jugement rendu le 29/10/1921 à PAU, transcrit
le 14/12/1921 à Billère. (Selon les fiches Matricules de ce soldat)
Le 5° CUIR (Régiment de Cavalerie à Pied) est monté en ligne le 5 juin 1918, au Calvaire Sud Est de DOMMIERS, région de SAINT PIERRE AIGLE (Aisne)
Le 12 juin les allemands déclenchent, sur tout le front du régiment et aussi en profondeur, un bombardement dont l’intensité a étonné les anciens combattants de VERDUN et de la SOMME. De puissantes batteries de « Minenwerfer » bouleversent notre première ligne et des obus toxiques tombent sur tout le secteur.
Le 5° Cuirassier qui a reçu l’ordre de ramener ses deux ailes en arrière, n’a pas été entamé au centre. Malgré tous les efforts de l’ennemi le régiment au prix de lourdes pertes conservait ainsi un saillant dans les lignes ennemies, qui devait être une précieuse base de départ pour les contre-attaques exécutées les jours suivants.
Pendant la journée du 12 juin le 5° Cuirassier a perdu 11 officiers et 635 Hommes de troupe.
Parmi ceux-ci :
SABAN Joseph né le 22 août 1879 à Baliros (Jardinier) passé au 5°
Cuir le 12 avril 1918 est porté disparu à DOMMIERS (Aisne) le 12 juin
- Déclaré mort pour la France le 28 07 1918 inhumé S A
Commune de DORMANS (Marne) selon sa fiche matricule.
Fiche Mémoire des Hommes « Disparu au combat décès fixé entre le
12 juin et le 28 Juillet à DORMANS jugement transcrit le 14 mai 1919 à
Pau » Il avait 38 ans.
Le 33 ° RI Journal des Opérations ;
« Le 15 juillet 1918 déclenchement de l’offensive allemande. Cette journée a donné lieu à un rapport spécial détaillé. Ce dernier, heure par heure, donne les terribles combats de nos soldats face à un ennemi déterminé, supérieur en nombre et puissamment aidé par l’artillerie et les mitrailleuses. Certaines compagnies sont submergées, mais combattent pied à pied, ne reculant que pour éviter l’encerclement »
Les pertes de la journée du 15 juillet sont :
Officiers : 3 Blessés et 5 Disparus
Troupe : 8 Tués, 75 Blessés et 200 Disparus.
« Il va de soi que l’énergie témoignée dans la défense par toutes les Compagnies du Bataillon, garantit que bien peu probablement de 200 disparus sont tombés intacts entre les mains de l’ennemi »
VIGNALATS Emile, Louis, Joseph né le 10 Novembre 1895 à Arthez
d’Asson (Etudiant à l’Ecole des Travaux Publics) sergent depuis le 5
janvier 1918 au 33° RI est décédé le 15 juillet 1918 au secteur de
Nesles le Repons (Marne) au sou- bois de Bourguigny (23 ans)
C’est le second fils du couple d’Instituteurs de Billère (1906-1919) qui avaient déjà perdu leur ainé le 9 septembre 1915 à Elincourt. Agé de 22 ans.
Le 118° RALH (Régiment d’artillerie lourde hippomobile) participait en août 1918 à l’offensive française entre l’Oise et le Somme (18-29 août). C’est la continuité de la poursuite de l’ennemi depuis leur défaite du 18 juillet sur la Marne.
Pendant ce temps :
CAMY Albert né le 20 septembre 1886 à Meillon (Scieur de long)
Décédait le 14 août 1918 à l’ambulance E 6/20 à VILLIERS LE BEL
(Seine et Oise) des suites de Maladie contractée en service commandé
Il est inhumé au cimetière militaire du clamart à Ecouen, ville distante
de 2 Km par rapport à Villiers le Bel. (31 ans)
Notre 22 ° poilus du monument aux morts de Billère est :
PEYROULET Louis 30° RAC (Régiment Artillerie de Campagne)
Né a Pau le 06 06 1898, plombier zingueur, Incorporé le 17 avril 1917,
Passé au 30° Régiment d’Artillerie de Campagne le 5 Avril 1918.
Deuxième Canonnier Conducteur, décédé le 08 09 1918 sur le champ
de bataille de la Vesle (Marne) des suites de ses blessures de guerre.
( avis officiel du 20 09 1918) Mort pour la France.(20 ans)
Le journal des Opérations du 30 ° RAC est scindé pour la période considérée suivant les Numéros des Batteries (4°, 5°, 41° etc..) et nous n’avons pas la batterie ou exerçait Louis Eugène.
Un Canonnier Conducteur est employé au service des chevaux pour tracter, les pièces (Canons) les caissons de munitions, et les divers véhicules de la batterie.
Cependant un texte général suivant la citation de ce Régiment pour les combats du 17 juillet au 1er août, fait état que notre 30° RAC participe du 1er au 17 septembre à la prise de la Ferme D’Armont et de Breuil près du village de CRIGNY (Jean luc.dron.free.fr)
Le 19° ETEM (Escadron du Train et des Equipages Militaires)
Si le train des équipages ne constitue pas une arme combattante, le travail formidable accompli par nos territoriaux à contribué pour une large part à la victoire de nos armées. Malgré les dangers, les ravitaillements en vivres et les évacuations des blessés furent effectués d’une façon continue et parfaite provoquant à tous les degrés de la hiérarchie des félicitations et citations dont peuvent s’enorgueillir à juste titre de nombreux officiers, gradés et conducteurs du 19° (ETEM)
(Tiré de l’historique du 19°ETEM édité en 1921
Parmi les pertes de cet Escadron il faut noter :
GRAND Jean Jacques né le 20 Octobre 1887 à Billère (Charpentier)
En 1914 il demeurait à Buenos Aires –Argentine-Il rentre en France
faire son devoir de citoyen. Il passe au 19° ETEM le 11 aout 1918.
Il décède le 7 octobre 1918 à l’Hôpital mixte de LOUDUN (Vienne)
des suites de maladies contractées en Service (à 30 ans)
il est inhumé au Carré Militaire de LOUDUN.
Hommage aux combattants ;
Comment qualifier l’endurance et l’héroïsme obscur d’hommes qui pendant si longtemps ont mené une vie dont on ne peut se faire une idée si on ne l’a pas vécue.
Dans la boue, sous la pluie, sous le danger de tous les instants des balles, des gaz et des obus, sans trêve ni repos, ils ont tenu jusqu’au jour où leur longue patience enfin récompensée, ils ont pu s’élancer à la poursuite d’un ennemi acculé au désastre et qui n’a pas su comme eux résister… ;(tiré de l’historique du 311° R.I.)
La guerre de nos Billèrois est maintenant terminée, plus de 4ans 2 mois et 11 jours soit 1532 jours de souffrances et de doute, mais aussi de courage et d’abnégation.
Ils n’étaient pas des héros ils le savaient. Mais comme tant d’autres ils ont fait leur devoir de citoyen, afin de préserver la liberté des peuples et l’indépendance de leur pays. Mais a quel prix… pour certains. C’était il y a un siècle…cependant il convient de ne pas l’oublier.
Ceux qui en sont revenus, sont rentrés dans l’anonymat des familles billèroises, blessés, gueules cassées, mais tous traumatisés par la violence des combats et les conditions épouvantables de la vie dans les tranchées. Eux aussi ont droit à notre reconnaissance et à notre devoir de mémoire.
Si vous avez des parents, grands-parents concernés faites les sortir de l’Ombre, après tant d’années, ILS le méritent.
Gérard Martin
André Plantiier
Jean-Michel Raulo