Au fil des siècles, le Château d’Este a été considérablement transformé. En 1756, Mme d’Assat, propriétaire, entend modifier l’allure de la demeure qui est faite « à la mode juive « . Les travaux concernent la toiture, qui rappelle les maisons d’Orient, voûtée « avec un parterre sur le haut en forme de terrasse « . Mme d’Assat souhaite une charpente et des ardoises « à la mode de France « .
Au XIXe siècle, des ajouts sont réalisés : le perron est couvert, une tour en galets du Gave est construite, l’étage supérieur, à l’ouest est bordé d’une balustrade de pierre pour profiter de la vue. Dans la première moitié du XXe siècle, le Château est « confortablement modernisé » par le Marquis de Guadalmina, si l’on en croit l’un des hôtes privilégiés, le Vicomte de Vaufreland.
Depuis 2001, le Château d’Este connaît une véritable renaissance. Le projet a consisté dans le traitement du lien fonctionnel, spatial et visuel entre le Château et la Médiathèque qui s’inscrit dans l’opération d’urbanisation du quartier d’Este.
Ainsi, le Château, dont l’architecture a été préservée lors de l’opération de réhabilitation menée par les architectes Jean-Jacques Cachau et Patrick Arotcharen, est mis en valeur par la Médiathèque, arc de cercle construit en contrebas dont la façade vitrée offre, côté sud, une vue panoramique sur le centre-ville de Billère et la chaîne des Pyrénées, et qui, en utilisant la déclivité naturelle du terrain, sert de socle au Château.
Donner un socle au château d’Este
Le Château qui semble donc posé sur un socle minéral de pierre le détachant de son environnement, a été traité comme un objet précieux: en vision lointaine, depuis le centre-ville, seule doit émerger la silhouette du Château. Ses lignes sobres sont mises en valeur par le traitement de la façade qui a bénéficié d’un enduit clair et du sablage des pierres de taille (perron et encadrement des fenêtres).
Intégrer ce socle à la promenade des terrasses d’Este
Le socle minéral, lui, assure le contact avec l’environnement immédiat de l’édifice. Il absorbe les décalages de niveau par l’inscription de marches d’escalier ou de rampes douces. Il intègre la promenade face aux Pyrénées, les Terrasses d’Este, en la prolongeant par un belvédère au pied de la façade du Château. Servi par la déclivité naturelle du terrain, le socle se dégage au sud, dévoilant la tranche d’un disque qui joue avec la courbure de la rue des Muses et laisse glisser le jardin longeant la promenade des Pyrénées.
Le socle devient la Médiathèque d’Este
Dans l’épaisseur du socle se développent les espaces de la bibliothèque. Elle offre dans ses locaux sans cloison un espace où jouent la lumière et les effets de matière et de couleurs. La lumière, qui pourrait être agressive pour le visiteur et destructrice pour les ouvrages est contrôlée et tamisée par l’emploi d’une treille métallique pour la verrière d’entrée et de lattes pour la baie en arc de cercle.
Un travail de percement sur la surface du socle
Au contact du château au sud et à l’ouest, le socle s’interrompt pour laisser glisser les façades de la demeure jusqu’au sol de la Médiathèque. Par ces failles ménagées dans la masse minérale pénètrent le regard et la lumière naturelle.
L’accès ménagé au sud-ouest s’inscrit dans une faille abritée par une verrière tempérée et ombragée par une treille métallique. Dès l’approche, le regard embrasse la totalité de l’espace (administration, salle d’exposition, espace périodique, banque de prêt, salle de conférence).
Un escalier et une passerelle recouverts de bois, portés par une structure métallique apparaissent comme suspendus dans le vide. Les rayonnages en bois et métal, disposés en angle ou en demi-cercle, épousent le plan en demi couronne et rythment l’espace de la salle de lecture dont le centre accueille l’atrium, puits de lumière planté d’un olivier centenaire, originaire d’Espagne.
A l’extérieur, sur le parvis, le jardin contemporain joue également la carte du graphisme avec une plantation de bruyères en mosaïcultures. Pour le bien-être du visiteur, l’organisation intérieure ménage des espaces vides où se dégagent des lignes architecturales. Le pin parasol centenaire qui surplombe la rue des Muses et fait face à l’infrastructure est mis en valeur grâce à un cadrage permis par la baie vitrée. Il a inspiré le logo de la Médiathèque d’Este.